Auguste Marie Eugène LABBÉ (1882-1918)

De Les Côtes-d'Armor dans la Grande Guerre

Sommaire

Origine et Famille

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Laurent LABBÉ
(1793-1852)
 
Jacquemine LECOLLINET
(1801-1879)
 
 
Henri TARDIVEL
(1790-1853)
 
Marie DELAHAYE
(1800-1880)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Julien LABBÉ
(1833-1913)
 
 
 
 
 
 
Marie TARDIVEL
(1841-1909)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Auguste LABBÉ
(1882-1918)




Auguste en 1905


Mon grand-père, Auguste Marie Eugène François LABBÉ est né le 6 juillet 1882 à l’Hôté Chesnaie en Plénée-Jugon, il est le douzième et avant-dernier enfant et le dernier garçon d’une famille catholique de laboureurs et propriétaires ayant racines en Sévignac et Plénée-Jugon. Bon élève, Auguste obtient le certificat d’études à Jugon le 10 juillet 1895 et participe avec ses frères aînés Eugène, Jean et Pierre, aux activités de la ferme.

Avant la Grande Guerre


Classe 1902, Auguste fait, entre 16 novembre 1903 au 18 septembre 1906, son service militaire à Nogent-le-Rotrou sous le matricule 2083 dans la 13ème compagnie du 101e régiment d’infanterie où il est promu soldat de 1ère classe le 8 juin 1904 et reçoit ensuite son certificat de bonne conduite.
Après les récoltes de 1906, Auguste monte à Paris où il travaille successivement aux magasins de la Ville de Lutèce, chez le bottier Louis MEYER et enfin aux GALERIES LAFAYETTE.
Auguste fréquente à cette époque ma grand-mère, Eugénie Marie LECOLINET qui, âgée de 18 ans, habite à Rouelle en Plénée-Jugon chez ses parents comme son frère aîné Eugène.
Auguste et Eugénie se marient à Plénée-Jugon le 24 septembre 1910 et ils vont habiter la Butte Montmartre, où Eugénie travaille à domicile comme confectionneuse pour dames.
Auguste fait une première période militaire à Coetquidan au 47e régiment d'infanterie en août et septembre 1909 et une seconde entre le 17 avril et le 5 mai 1911.
Le 13 mai 1912, Eugénie met au monde mon père, Lucien Désiré Auguste .

Mariage en 1910


Guerre 14-18


Appelé sous les drapeaux, Auguste rejoint le 12 août 1914 le centre de recrutement de Saint-Malo et intègre le cantonnement du 47e régiment d'infanterie.
Il part au front le 14 septembre 1914, cantonne à Bondy et à Epernay puis rejoint son régiment déjà engagé dans la bataille d’Arras » et il reçoit le 19 septembre le baptême du feu à Rosnay à l’ouest de Reims.
Des déplacements en marche forcée ou en train amènent son régiment à Compiègne, Amiens puis au cantonnement à Mercatel dans le Pas-de-Calais, puis en première ligne à Beaurain à partir du 5 ou 6 octobre.
Auguste relate encore dans ses mémoires CE QUE j’AI VU les successions de replis et d’offensives entre Achicourt, Agny et Beaurain et la terrible hécatombe des premiers jours de Novembre 1914. En effet, durant ces trois jours de la bataille d’Arras, le 47e régiment d'infanterie perd 1.432 hommes, sa compagnie ne compte plus que 86 hommes sur 250 et la 4e section d'Auguste ne compte plus que 4 hommes.
Après trois jours de repos à Daimville, sa compagnie quitte Achicourt, traverse de nuit Arras pour rejoindre au Nord Saint-Nicolas-les-Arras puis les tranchées de Chantecler sur la commune de Saint-Laurent-Blangy avec ses 1800 mètres de boyaux avant d’arriver aux tranchées de premières lignes avec ses corvées quotidiennes sous les tirs d’obus et de balles, mal ravitaillé, sans moyen de chauffage, sans hygiène, sous la pluie et dans le froid.
Le 19 février 1915 vers 19 heures, en regagnant son abri et au croisement de la tranchée et des boyaux, une balle venant des tranchées allemandes de Saint-Laurent-Blangy l’atteint en pleine poitrine, lui perfore le poumon gauche, passe à quatre millimètres du cœur et reste dans une côte du dos.
Blessé grièvement, il s’écroule, reprend rapidement ses esprits, rejoint péniblement son abri où des infirmiers lui font un pansement de fortune et sous le diagnostic de plaie au cœur, ils l’emportent au poste de secours de Saint-Nicolas-les Arras sur un brancard et sous le sifflement des balles. Transporté dans une vieille carriole jusqu’à l’ambulance 1/10 du couvent du Saint-Sacrement à Arras, le chirurgien et médecin chef renonce à toute opération et refait le pansement. Confessé le soir de son arrivée et jugé mort, Auguste supporte la souffrance des multiples ponctions, atténuée par des piqûres de morphine, d’opium et de camphre. Il reste plus de deux mois à l’ambulance, avec plus ou moins de fièvres, sans appétit, avec peu de sommeil et crachant le sang.
La balle est enfin extraite sur le vif le 30 mars avec la découpe douloureuse de nerfs et de côtes et l’extraction de deux litres de pus. De nouvelles fièvres nécessitent une nouvelle opération, une empyème pratiquée le 11 avril pour rouvrir la plaie et mettre en place des crins et deux drains. Auguste est ensuite évacué d’Arras le 23 avril 1915 vers l’hôpital civil de Doullens dans la Somme, où il reste huit jours avant de rejoindre par le train l’hospice auxiliaire du Grand Séminaire à Coutances dans la Manche. Pris de fièvres le 5 mai au soir, Auguste perd connaissance, reçoit la visite du prêtre et ne reprend ses esprits que le 7 mai au matin et peut enfin recevoir du 10 au 14 mai la visite de sa femme Eugénie et de Lucien, son fils qui fête ses trois ans. Le 13 juin, Auguste est transporté à l’hôpital bénévole de Coutainville-Plage pour des soins réguliers notamment par héliothérapie et commence alors une lente série de soins entre le Grand Séminaire de Coutances, l’infirmerie ou l’Hôtel Dieu de Saint-Malo et bénéficie de quelques permissions à Plénée-Jugon ou à Paris entre deux passages devant les commissions aux casernes de Saint-Lô, Saint-Malo, Saint-Servan et Saint-Brieuc.

Auguste en 1916


Versé dans le service auxiliaire du 47e régiment d'infanterie comme ordonnance, puis chef de l’équipe sanitaire, puis fonctionnaire caporal d’ordinaire, puis secrétaire du bureau, il permute à sa demande le 27 septembre 1916 au 83e régiment d’artillerie lourde à Creil. Hospitalisé à partir du 6 octobre 1916 avec un diagnostic de pachypleurite à l’hôpital Gégin de Saint-Mandé, il est réformé temporairement le 20 octobre 1916 et restitue ses vêtements militaires le 1er février 1917.
Réformé temporairement N°2 par la 1ère Commission spéciale de Réforme de la Seine le 31 janvier 1917, il reçoit le 20 février les insignes de blessé de guerre. Réformé temporairement N°1 par la même commission le 6 mars 1918, Auguste est hospitalisé le 8 octobre 1918 à l’hôpital Bichat à Paris, où il décède à l’age de 36 ans le 14 octobre 1918. Il est enterré au cimetière de Nanterre.
L’armistice sera signé 28 jours plus tard.

Après la guerre


Sa veuve, Eugénie, ma grand-mère, âgée alors d’à peine 30 ans, restera seule à Paris avec son fils Lucien, alors âgé de 6 ans. Elle sera bien sûr pensionnée de guerre et son fils Lucien, mon père, sera déclaré avoir été adopté par la Nation et mis en pension à l’Ecole Saint-Nicolas de Buzenval à Rueil.
Sur ma demande, l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre me fait connaître le 21 février 2014 que la mémoire d’Auguste Labbé sera honoré par l’attribution de la mention mort pour la France.


Sources


Daniel LABBÉ Adhérent CG 22 N° 11361

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