Chronique de Plourivo (1914-1918)

De Les Côtes-d'Armor dans la Grande Guerre
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Plourivo le 11 juillet 1919

Notes

Mobilisé le 1er août 1914, je suis aussitôt parti en Belgique et ne suis rentré à Plourivo qu'en novembre 1917 Je n'ai donc pu suivre les événements pendant ce laps de temps.

A ma 1ère permission, septembre 1915, j'ai rencontré quelques soldats convalescents dans la commune, c'est qu'une ambulance avait été installée au petit château dépendant du Bourg-Blanc.

Aucun événement sensationnel ni même méritant d'être signalé ne s'est passé à Plourivo , car l'arrivée de quelques réfugiés logés dans les fermes et y travaillant, le retour des prisonniers de guerre, la rentrée des vieux soldats démobilisés, tout cela s'est passé inaperçu.

J'ajoute que les habitants de Plourivo sont des moins faciles à émouvoir, rien ne leur fait rien. Loin de théâtre des opérations ils n'ont connu ni les tristesses, ni les douleurs, ni les misères que nous avons subies.

Sans direction municipale, le maire étant décédé, la commune paraissait morte, tout était à l'abandon, les habitants, uniquement absorbés par leur commerce et les bénéfices à réaliser pendant la guerre, ne se sont en rien dérangés de leurs habitudes.

Si de temps en temps un deuil n'était venu frapper une famille ici, on aurait ignoré que là-bas on se battait.

Habituées à être seules, les marins étant toujours absents, les femmes n'ont trouvé aucun changement si ce n'est que les allocations pleuvaient, que les pensions des veuves étaient plus fortes, que les produits de la terre se vendaient plus cher, chez elles aucun contrôle, en un mot la guerre était tout bénéfice.

Le sentiment de solidarité n'était pas vivace à Plourivo, la guerre a développé encore leur égoïsme naturel.

Seule la fête de l'armistice a semblé secouer un peu leur torpeur, quant à la paix, ils l'ont accueillie avec une étonnante indifférence.

L'instituteur
J. Bernard

Sources


--Jylaigre (discussion) 18 janvier 2014 à 12:17 (CET)

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